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21/03/2009

LES FAUSSES FLAGORNERIES DES FATALS FLATTEURS

Internet a offert une tribune à tout un chacun pour s'exprimer.  Certains en ont profité pour exprimer leur colère ou leur jalousie.  Ainsi se sont développées des stratégies d'injures, de diffamation, de décrédibilisation.  Toutes condamnables et modérables. 

Afin de pouvoir passer le barrage des modérations et des condamnations, certains fâchés ont entrepris une nouvelle stratégie : la flagornerie détournée

Il s'agit de flatteries basses, si basses qu'elles sont peu crédibles, voire carrément ironiques.  

Le phénomène s'est développé particulièrement cette année.

A partir d'avril 2008 (voire avant), les forums du site du Nouvel Obs ont ainsi été "piratés" par ces faux flagorneurs.

Une de leurs marottes consiste en citer des auteurs passés inscrits dans l'histoire et d'y comparer bassement leur victime.  Ceci démontre un esprit très conformiste, car ces auteurs passés, pourquoi seraient-ils forcément indéboulonnables et supérieurs aux auteurs actuels ?

Ensuite, ils se sont attaqués au forum de Libération et plus particulièrement à Alain Minc.

Leur présence sur les forums a abouti à quelques articles de presse sur leur activité. 

Ces flagorneurs ont par ailleurs entrepris de se donner un nom et recruter. 

Le nom choisi : "Brigade Internationale des Fatals Flatteurs", avec pour sigle BIFF.  Ils sont présentés de la façon suivante sur le Blog Pas du tout à l'ouest :

"Une Brigade internationale de Fatals Flatteurs (BIFF) est en cours de constitution. Elle interviendra à l’improviste et en tout lieu par voie électronique, téléphonique ou physique pour flatter ces fats qui nous informent.
Les volontaires peuvent contacter La Brigade de fatals flatteurs.
Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir qui procédera à une sélection rigoureuse au terme d’un entraînement impitoyable."

L'association de mots Fatal Flatteur me déplaît, pour deux raisons.  La première c'est que la formule est prétentieuse et que l'allitération est grossière et rappelle l'expression enfantine "flatte de vache".  La seconde, c'est qu'un flatteur n'est pas fatal, n'est pas une fatalité. Un flatteur est animé d'intentions, d'une volonté, d'un libre arbitre.  Ou alors on estime que le libre arbitre n'existe pas et que tout est le résultat d'une fatalité.  Mais dans ce cas si tout est fatal, cette formule n'est plus qu'un pléonasme.

Le texte est mal tourné et la dernière phrase incompréhensible.  Probablement que par un copié-collé malheureux, la deuxième partie de la troisième phrase s'est trouvée éjectée en fin de texte.  Celui-ci aurait probablement dû être :

"Une Brigade internationale de Fatals Flatteurs (BIFF) est en cours de constitution. Elle interviendra à l’improviste et en tout lieu par voie électronique, téléphonique ou physique pour flatter ces fats qui nous informent.

Les volontaires peuvent contacter La Brigade de fatals flatteurs qui procédera à une sélection rigoureuse au terme d’un entraînement impitoyable.

Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir ."

fatalflatgif.gif

Quel est l'objectif réel de ces faux flagorneurs ? 

S'agit-il de vrais flagorneurs éconduits qui se vengent et qui, de fil en aiguille, essayent de créer le Buzz ?  Ou simplement d'auteurs non publiés dont le véritable objectif est publicitaire ? 

Pour ma part, je trouve la méthode douce, tant qu'ils ne tombent pas dans l'ironie agressive et que cela  ne tourne pas en harcèlement.  Pas très efficace néanmoins car les fausses flagorneries se confondent assez facilement avec les vraies.  Par ailleurs, ces faux flagorneurs saturent les forums de questions en réalité assez inintéressantes, puisque purement flagorneuses.  Débattre est intéressant si le débat est alimenté de bonne foi et par des éléments factuels, il ne l'est pas s'il est grippé par des éléments malhonnêtes et perturbateurs.

S'en prendre à des personnalités qui ont un avis sur tout et qui sont très (probablement trop) bien payées pour l'exprimer est une action qui peut se comprendre, à défaut d'être légitimée.  Et à condition que cela ne devienne pas une stratégie de destruction, orientée sur certaines personnes précises.  Mieux vaut s'en prendre au système qu'aux personnes.  Un système qui starifie et surpaye certaines personnes et ne diversifie pas assez les personnes qui s'y expriment.

Sur certains points ils me rappellent l'entarteur, en moins salissant physiquement, mais plus pervers.  Et comme pour l'entarteur, certaines cibles que nous voudrions bien voir entartées n'entrent jamais dans leur ligne de mire. Et comme l'entarteur, je gage qu'ils ont en réalité pour objectif d'en faire un business.

En tant que vraie flagorneuse, formatée dans cet objectif, je trouve dommage d'user de cet art de la relation à mauvais escient.  Depuis que je suis petite, on me disait qu'il ne fallait jamais dire de méchanceté, qu'il fallait au contraire faire des petits compliments aux gens, mais des compliments réels qui ne les ridiculisent pas.  Pour parfaire cette formation, on m'avait donné à lire à seize ans "Comment se faire des amis" de Carnegie.  Je dois donc faire de gros efforts sur moi-même pour ne pas être trop "gentille" dans mes articles.)

Comment ce phénomène va-t-il se poursuivre ? 

Va-t-il s'éteindre de lui-même, se ramifier ?  Les "Fatals Flatteurs" deviendront-ils de "Fatueux Marchands de Soupe" ? Aboutir à un livre  ou autre oeuvre de l'esprit (probablement leur seul objectif) ?  L'avenir nous le dira.

AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon patronyme dans vos critiques.

VOLTAIRE REVEILLE-TOI, ILS SONT DEVENUS FOUS

De façon quelque peu caricaturale, on pourrait distinguer quatre grandes catégories dans la société. 

Primo, les célébrités riches dont la notoriété est le fonds de commerce et le générateur de leur richesse et de celle des nombreux satellites qui leur gravitent autour.  Ceux-là ont intérêt à s'exprimer sans limite et à faire taire leurs détracteurs.  Il s'agit d'artistes, de dirigeants et de politiques notamment.

Secundo, la plèbe, les petits, les sans-grade, les inconnus qui n'ont qu'un accès très limité aux médias.  Catégorie vaste que l'on peut étendre à la classe moyenne.

Tertio, une sorte d'intelligentsia qui se veut éthique et qui prétend octroyer la liberté d'expression à tous, conformément à la pensée voltairienne.  Ici on peut regrouper des militants politiques ou non et journalistes engagés ou simplement respectueux de leur déontologie.  Mais par un flirt obscène, cette catégorie a tendance à se frotter à la première et s'y assimiler parfois, se suscitant des injonctions paradoxales et se mettant finalement dans une situation de double contrainte.

Et quarto, les riches discrets qui préfèrent suivre l'adage "Pour vivre heureux, vivons cachés".  Il s'agit souvent de vieilles familles, de propriétaires de richesses terriennes ou industrielles, qui craignent que trop d'étalage n'engendre le crime ou la révolution.

Internet sans bouleverser pour autant cet équilibre établi depuis Gutenberg (mais si et même avant !), permet à la plèbe de s'exprimer à moindre coût et de façon relativement anonyme si le coeur lui en dit. 

Ce bouleversement fait peur à tous ceux qui ont quelque chose à perdre, donc aux catégories sub 1 et 4.  La catégorie sub 4 craint toujours que les idées ne créent le désordre mais répugne à s'exprimer.  La catégorie sub 1, craint de voir son fonds de commerce menacé.

Alors la catégorie sub 1 réagit.  Avec la complicité de la catégorie sub 3, qui se trouve saisie en étau grâce à la si contraignante et célèbre maxime voltairienne "Je déteste vos idées mais je suis prêt à mourir pour votre droit de les exprimer".

Je livre à votre réflexion deux illustrations, qui ont déjà été évoquées dans les lignes du Post, sous la plume de Guy Birenbaum.

Laurent Gerra aurait prétendu dans une interview donnée au journal Le Point : "On a beaucoup moins de liberté, je le remarque vraiment. Coluche ou Desproges allaient beaucoup plus loin. Maintenant, avec Internet et tous les délateurs, ils sont tellement procéduriers que si on dit un truc, c'est immédiatement répété, déformé... On donne trop la parole à n'importe qui, sur n'importe quel sujet."

Deux revendications ressortent : d'une part donner à la catégorie sub 1 la possibilité de s'exprimer encore davantage, sans risque et sans contrainte et d'autre part former un barrage à l'expression de la catégorie sub 2, celle des "n'importe qui", parmi lesquels se situent des "délateurs", qui pourraient réduire les revenus de la catégorie sub 1 et de ses satellites en plombant leur réputation.  Le combat laisse aussi dubitatif que celui d'un Robin des Bois qui prendrait aux pauvres pour donner aux riches.

Dans la même perspective, Amélie Nothomb a voulu montrer qu'elle aussi avait son combat.  Elle combat les anonymes des forums de discussion et l'a fait savoir dans un article publié dans Charlie Hebdo.  Même combat, mais plus pervers car les conséquences réelles ne ressortent pas immédiatement.  Combattre l'anonymat, la lâcheté des vilains méchants qui anonymement pourrissent les forums, voilà un combat digne ! A première vue peut-être.  Car ces vilains méchants, s'ils commettent un acte répréhensible, peuvent être débusqués par leur adresse IP.  Donc ils ne resteront pas impunis.  S'ils l'ont fait chez eux, remonter à la source sera "simple".  S'ils ont commis le méfait via leur entreprise, comme une entreprise octroie des machines avec codes, crac, le contrevenant sera à nouveau identifié par la machine.  Même dans les cybercafés, on peut retrouver l'infracteur (infracteur ne s'utilise presque plus, mais je ne voulais pas écrire deux fois contrevenant).  En effet, un cybercafé tient un registre des personnes qui ont utilisé telle ou telle machine à tel ou tel moment.  Et le cas échéant, la responsabilité retombera sur l'entreprise ou le cybercafé qui n'a pas géré correctement son parc d'ordinateurs en protégeant les accès et relevant les utilisateurs.

Et il est bon d'informer ceux qui se croient protégés par un anonymiseur, que l'adresse n'est pas protégée entre l'anonymiseur et l'ordinateur.  Toute l'information peut se retrouver.  A un certain niveau, cela devient une bataille d'informaticiens où le plus fort gagne.

Donc même sous le couvert de l'anonymat, l'impunité n'est pas garantie, a fortiori que les très vilains méchants commentaires (ou plus exactement les commentaires parfaitement illégaux) sont généralement éliminés par les webmasters et gestionnaires de forums. 

En revanche, interdire l'anonymat est très pervers.  Dans la même logique que celle qui soustend la protection des sources du journaliste, cela empêchera une foule de personnes de s'exprimer de peur de représailles de puissants.  Le salarié a peur de son employeur.  Le délinquant a peur de la police.  Le pauvre a peur du riche, le mari de sa femme et réciproquement; l'amant de la maîtresse, la maîtresse de l'amant, l'inconnu de la célébrité, surtout si elle est chère au coeur du public.  La personne socialement intégrée a peur de l'opinion et du qu'en dira-t-on.  Plus simplement encore, le timide, le complexé, l'inhibé n'osera plus s'exprimer.

Eh bien, même si ce combat est moins crucial que donner un toit aux SDF ou sauver la vie des malades, je suis pour la liberté d'expression (évidemment dans les limites légales actuelles) et pour la possibilité de garder l'anonymat. 

Et je signe ce post de mon vrai patronyme et de mon vrai prénom, ceux qui m'ont été imposés à la naissance et que je ne tiens pas à renier. 

Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA

AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon nom de famille dans vos critiques

REVENDIQUER L'ABSENCE DE STYLE

Publié sur LePost le 05/12/2008

Le style connaît ses adeptes et ses détracteurs.  J'appartiens à la seconde catégorie.

Stendhal disait : "Le meilleur style est celui qui se fait oublier". Il enfonce même le clou dans "Mélanges de littérature" : "Le style doit être comme un vernis transparent : il ne doit pas altérer les couleurs, ou les faits et pensées sur lesquels il est placé".

Dans le même ordre d'idée, Tchékhov a écrit : "L'originalité d'un auteur dépend moins de son style que de sa manière de penser".

L'avis du Grand Timonnier sur le sujet mérite d'être évoqué : "Il est nuisible au développement de l'art et de la science d'imposer par des mesures administratives un style particulier d'art ou une école de pensée à l'exclusion d'une autre".

Plus récemment, la chanteuse Björk a dit : "Le style n'a aucune importance : ce sont les émotions que vous exprimez qui comptent".

Tout rédacteur mérite d'être lu pour le fond de sa prose, parce qu'il a quelque chose à dire.  Lire quelqu'un dont la seule qualité serait avoir un style particulier ne présente aucun intérêt, à moins de se focaliser sur la stylistique dans le cadre d'une recherche. 

La richesse du style, c'est aussi pouvoir en changer, sans déraper forcément vers les "Exercices de style", chers à Queneau et finalement assez ennuyeux.  En effet, sans un fond pertinent, le style n'est plus qu'une coquille vide. 

Il y a une trentaine d'années, quelques acteurs avaient participé à un spectacle créé à partir des "Exercices de style" de Raymond Queneau.  De bons acteurs connus et appréciés, parmi lesquels Danièle Lebrun.  Ce fut la soirée la plus assommante que je n'ai jamais eue.  La salle était remplie d'élèves qui avaient été contraints de façon stalinienne à y assister et finalement, le spectacle se révélait plus divertissant dans la salle que sur la scène.  La salle s'était transformée en champ de bataille de boulettes de papier et potacheries diverses. Quand le fond n'y est pas, la forme ne peut pas le pallier ou très difficilement.

Je refuse de me cantonner dans un style unique que ce soit pour mes écrits ou pour mes vêtements.  J'adapte mon style aux circonstances et non l'inverse.  C'est la politesse la plus élémentaire et faire preuve de réalisme, de cohérence et de souplesse. 

De plus, sortir des règles de stylistique classique pour se créer un style personnel aboutit souvent à un résultat désastreux, une impression de maladresse, de non-respect des règles classiques d'écriture.  Prétendre avoir un style personnel est parfois aussi une façon de justifier un style immature, insuffisamment léché.

La forme restera toujours pour moi un élément secondaire face au fond.  La pensée et l'information sont intéressantes, le reste n'est que fioriture.  L'important c'est faire passer un message intéressant.

Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA

AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon nom de famille dans vos critiques