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21/03/2009

REVENDIQUER L'ABSENCE DE STYLE

Publié sur LePost le 05/12/2008

Le style connaît ses adeptes et ses détracteurs.  J'appartiens à la seconde catégorie.

Stendhal disait : "Le meilleur style est celui qui se fait oublier". Il enfonce même le clou dans "Mélanges de littérature" : "Le style doit être comme un vernis transparent : il ne doit pas altérer les couleurs, ou les faits et pensées sur lesquels il est placé".

Dans le même ordre d'idée, Tchékhov a écrit : "L'originalité d'un auteur dépend moins de son style que de sa manière de penser".

L'avis du Grand Timonnier sur le sujet mérite d'être évoqué : "Il est nuisible au développement de l'art et de la science d'imposer par des mesures administratives un style particulier d'art ou une école de pensée à l'exclusion d'une autre".

Plus récemment, la chanteuse Björk a dit : "Le style n'a aucune importance : ce sont les émotions que vous exprimez qui comptent".

Tout rédacteur mérite d'être lu pour le fond de sa prose, parce qu'il a quelque chose à dire.  Lire quelqu'un dont la seule qualité serait avoir un style particulier ne présente aucun intérêt, à moins de se focaliser sur la stylistique dans le cadre d'une recherche. 

La richesse du style, c'est aussi pouvoir en changer, sans déraper forcément vers les "Exercices de style", chers à Queneau et finalement assez ennuyeux.  En effet, sans un fond pertinent, le style n'est plus qu'une coquille vide. 

Il y a une trentaine d'années, quelques acteurs avaient participé à un spectacle créé à partir des "Exercices de style" de Raymond Queneau.  De bons acteurs connus et appréciés, parmi lesquels Danièle Lebrun.  Ce fut la soirée la plus assommante que je n'ai jamais eue.  La salle était remplie d'élèves qui avaient été contraints de façon stalinienne à y assister et finalement, le spectacle se révélait plus divertissant dans la salle que sur la scène.  La salle s'était transformée en champ de bataille de boulettes de papier et potacheries diverses. Quand le fond n'y est pas, la forme ne peut pas le pallier ou très difficilement.

Je refuse de me cantonner dans un style unique que ce soit pour mes écrits ou pour mes vêtements.  J'adapte mon style aux circonstances et non l'inverse.  C'est la politesse la plus élémentaire et faire preuve de réalisme, de cohérence et de souplesse. 

De plus, sortir des règles de stylistique classique pour se créer un style personnel aboutit souvent à un résultat désastreux, une impression de maladresse, de non-respect des règles classiques d'écriture.  Prétendre avoir un style personnel est parfois aussi une façon de justifier un style immature, insuffisamment léché.

La forme restera toujours pour moi un élément secondaire face au fond.  La pensée et l'information sont intéressantes, le reste n'est que fioriture.  L'important c'est faire passer un message intéressant.

Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA

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