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21/03/2009

POURQUOI JE VOMIS CE LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES DIT CELINE...

Publié sur LePost, le 31/01/2009
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D'après Wikipedia, Louis-Ferdinand Auguste Destouches, dit Céline serait l'écrivain le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du vingtième siècle, après Marcel Proust (Le paradoxe veut qu'il s'agisse d'un juif et d'un antisémite).

Le succès suscite toujours l'intérêt, au moins pour en faire sienne les recettes. Plus d'un écrivain s'est inscrit dans le sillage de ces deux-là afin de bénéficier d'un succès similaire.  Même s'il ne s'agit alors que des fruits d'un plagiat.  Une sorte de mise en oeuvre de leurs facteurs de succès en quelque sorte. Quant au lecteur, il obéit le plus souvent à une logique de prescription, c'est-à-dire qu'il fait confiance à l'autorité que forment les prix littéraires et l'annonce que font les éditeurs concernant leur publication de best-sellers. Quand on sait que quelque chose est réputé avoir plu, on est tenté de le lire.  Lorsqu'il ne s'agit pas d'écoliers contraints à la lecture des livres de leur programme, lequel mériterait pourtant un décrassage régulier..

Qu'est-ce qu'un best-seller ?

Beaucoup répondront un livre qui est beaucoup lu.  C'est déjà faux. Nombre de livres vendus en quantité tombent des mains de leurs lecteurs et finissent par une carrière de figuration dans les bibliothèques, au motif que c'était un must de les acheter.

D'autres préciseront : un livre qui est beaucoup vendu.  Encore faux. Un best-seller est  qualifié comme tel en raison de l'apparition de son titre dans certaines listes. Cela n'est pas lié au  nombre d'exemplaires vendus, ni à sa  qualité académique ou son importance littéraire. Beaucoup de livres sont devenus des succès seulement après avoir été étiquetés comme tels, par la confusion créée dans l'esprit des consommateurs qui y voient un gage de qualité. Une sorte de marchéage mensonger qui crée le succès d'un produit en convaincant le consommateur de sa qualité par l'argument fallacieux que le produit aurait déjà du succès. .

L'intérêt pour Céline, encore si diffusé paraît-il, serait lié à ses qualités novatrices.

Au niveau de la forme, par l'adoption d'un style proche du langage parlé, émaillé de mots d'argot. Avec pour avantage résultant d'être accessible à un très large public, par la simplicité du style. En revanche, introduire l'argot dans la littérature, il n'est en réalité pas le premier et je ne suis pas persuadée du sublime de cet apport.  Quant aux points de suspension dont il abuse dans ses oeuvres, il y en a qui diront qu'ils constituent la démonstration d'une incapacité à exprimer une pensée plus approfondie (lu notamment dans un commentaire aux posts de Guy Birenbaum).  Or, à mon sens, tout l'intérêt d'un écrit, c'est d'y découvrir une vision plus fouillée, que l'on n'avait pas encore envisagée. Le nec plus ultra étant de voir exprimés les concepts et les mécanismes que l'on croit habituellement impossible à décrire ou mettre en équation. .

Pour le fond, Céline se réfugie dans un mépris gigantesque du monde, une vision nihiliste et désabusée.

Cette vision destructrice, désespérante me déplaît dès le premier abord.  Pour parvenir à construire et améliorer ce monde, il faut garder l'espoir, avoir une certaine conception d'un bonheur collectif. .

Cela dit, il est présenté comme antinationaliste, anticapitaliste, anticolonialiste, partis pris pour lesquels j'ai une certaine sympathie.   Pierre Lainé fait partie de ceux qui voient un peu d'humanisme en Céline.  Et tous ne sont pas de cet avis.  Pour ma part, je vois éventuellement quelques traces résiduelles d'humanisme dans sa participation à la campagne de prévention contre la tuberculose de la mission Rockefeller (un comble pour un antisémite !).

Le summum du snobisme actuellement, c'est citer Céline dans un écrit. Personnellement, j'évite les citations, j'ai la faiblesse de préférer une construction personnelle de la pensée dans son entièreté et sa cohérence plutôt que répéter et adhérer béatement à celle d'autrui, quel que soit son tirage. .

Et parmi les citations de Céline, il y a des horreurs, même dans "Le voyage au bout de la nuit" que quelques uns idolâtrent.

Le voyage est aussi mauvais que le reste.  Une citation parmi d'autres qui reflète bien la pensée du personnage : "Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ? ... Si oui, tout va bien. Ca suffit" . On comprend de suite, l'égoïsme, le manque de compassion qui le caractérise. .

Une autre phrase du même opus : "Nous sommes, par nature, si futiles, que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir".

J'avais commenté cette phrase antérieurement, je reprends mon analyse (à laquelle je souscris toujours et je n'en ai pas modifié une virgule) : .

"Les hommes (au sens général, anthropos en grec) ne sont pas "si futiles".  Ils se lèvent le matin pour travailler, vivre, progresser (faire des erreurs aussi).  Ils ont leur part de futilité mais elle n'occulte pas la part sérieuse, pragmatique qui reste pourtant le coeur de leur activité.  ils ne sont pas uniquement des pantins poussés par le plaisir comme cet esprit pervers voudrait le prétendre.  Cette futilité n'est pas seulement innée (c'est bien dans la vision malsaine d'un Céline de voir tout comme relevant de l'inné). Elle dépend beaucoup de notre acquis.

Je vais prendre sa phrase au pied de la lettre, non, les distractions n'empêchent pas "vraiment" de mourir. Cela se saurait sinon. .

Magnanime, j'essaie d'y voir un sens plus figuré. Eh bien non, tous n'écartent pas l'ennui par la distraction, la futilité. Certains ont une vie assez intense sans. Une vision pessimiste de l'homme, dépourvue d'idéal, voila ce qui ressort de cette citation.

Sa phrase prétend s'appliquer à tous et se trouve presque par voie de conséquence, fausse. .

Au niveau du style, elle est à peu près correctement construite, mais le choix de l'adverbe 'vraiment" est lourd, un peu mal à propos. Et son rejet en fin de phrase me déplaît. Il me donne l'impression de davantage obscurcir sa phrase que la clarifier car il rajoute un sens inutile et mal venu peu avant le point.

Une phrase de Céline n'est que le reflet de sa pensée et voila ce que j'en fais :-------------------> POUBELLE

Et tant pis pour ceux qui le glorifient ... stupidement (j'emploie pourtant rarement ce mot si dépréciatif et méprisant). .

Quelqu'un qui a de la pourriture dans le cerveau ne couchera que de la pourriture sur le papier."

Je précise post scriptum que croire en la noirceur d'un destin, c'est croire en un fatum, c'est croire que tout est déjà écrit, finalement que tout est "inné". Tout serait déjà inscrit, dans les gènes principalement. Je trouve qu'accorder une grande place à l'inné est très cohérent avec la "pensée" du "bon" Docteur Destouches.

Afin que les ignorants puissent se convaincre de la puanteur de cet infecte personnage qui n'impressionne que par la violence et le détestable mépris émanant de ses propos, je cite quelques morceaux choisis. Même Adolf Hitler dans "Mein Kampf" n'a jamais osé en écrire de tels. On peut imaginer ce que Céline avec le pouvoir d'Hitler aurait pu devenir. Et ce n'est pas moi, c'est lui-même qui le dit.

Ces extraits proviennent de mémoire juive et éducation : Céline, un complice des criminels nazis ?, un site que ceux qui s'imaginent aimer Céline devraient se donner la peine de lire. Ce n'est pas ce site qui m'a convaincue je l'étais dès les premières citations que j'avais lues, et pas les plus terribles. Ce qui m'avait d'abord choquée, c'était leur caractère tendencieux et si mal pensé.

"Personnellement je trouve Hitler, Franco, Mussolini fabuleusement débonnaires, admirablement magnanimes, infiniment trop à mon sens, pacifistes bêlants pour tout dire, à 250 prix Nobel, hors concours, par acclamations ! Ça durera peut-être pas toujours. Les glaves ça retombe quelquefois." L'École des cadavres, 1938, p.62

"Nous nous débarrasserons des Juifs, ou bien nous crèverons des juifs, par guerres, hybridations burlesques, négrifications mortelles. Le problème racial domine, efface et oblitère tous les autres." L'École des cadavres, 1938

«Je ne suis pas un auteur que sa "vente" tracasse beaucoup [...]. Mais en visitant votre exposition j'ai été tout de même frappé et un peu peiné de voir qu'à la librairie ni Bagatelles ni L'Ecole ne figurent alors qu'on y pavoise une nuée de petits salsifis, avortons forcés de la 14e heure, cheveux sur la soupe. Je ne me plains pas - je ne me plains jamais pour raisons matérielles - mais je constate là encore hélas - la carence effroyable (en ce lieu si sensible) d'intelligence et de solidarité aryenne - démonstration jusqu'à l'absurde pour ainsi dire» Lettre de Céline au capitaine Sézille (agitateur antisémite, secrétaire général de l'Institut d'étude des questions juives, organisateur de l'exposition "Le Juif et la France"), 21 octobre 1941

«Vinaigre ! Luxez le juif au poteau ! Y a plus une seconde à perdre»
«Bouffer du juif, ça suffit pas, je le dis bien, ça tourne en rond, en rigolade, une façon de battre du tambour si on saisit pas leurs ficelles, qu'on les étrangle pas avec. Voilà le travail, voilà l'homme. Tout le reste c'est du rabâchis, ça vous écœure tous les journaux dits farouchement antisémites»
«Volatiliser sa juiverie serait l'affaire d'une semaine pour une nation bien décidée.» Les Beaux Draps, 1941

Certains pourront s'étonner du ton plus violent et catégorique de ce post, ce qui n'est pas dans mes habitudes. On peut combattre la haine par la non-violence mais la violence purement verbale s'accommode très bien de la violence verbale en réplique. Ainsi, en matière d'insulte, le délit peut ne pas être constitué s'il y a eu provocation, ce qui est le cas en l'espèce.

Sources principales : wikipedia, mémoire juive et éducation : Céline, un complice des criminels nazis ?,citations de Céline EVENE

A ceux qui lisent trop vite : les citations en violet ne sont pas de moi mais de Céline et il est évident (mais dois-je le préciser) que je n'y souscris pas..

Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA

AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon nom de famille dans vos critiques.


REVENDIQUER L'ABSENCE DE STYLE

Publié sur LePost le 05/12/2008

Le style connaît ses adeptes et ses détracteurs.  J'appartiens à la seconde catégorie.

Stendhal disait : "Le meilleur style est celui qui se fait oublier". Il enfonce même le clou dans "Mélanges de littérature" : "Le style doit être comme un vernis transparent : il ne doit pas altérer les couleurs, ou les faits et pensées sur lesquels il est placé".

Dans le même ordre d'idée, Tchékhov a écrit : "L'originalité d'un auteur dépend moins de son style que de sa manière de penser".

L'avis du Grand Timonnier sur le sujet mérite d'être évoqué : "Il est nuisible au développement de l'art et de la science d'imposer par des mesures administratives un style particulier d'art ou une école de pensée à l'exclusion d'une autre".

Plus récemment, la chanteuse Björk a dit : "Le style n'a aucune importance : ce sont les émotions que vous exprimez qui comptent".

Tout rédacteur mérite d'être lu pour le fond de sa prose, parce qu'il a quelque chose à dire.  Lire quelqu'un dont la seule qualité serait avoir un style particulier ne présente aucun intérêt, à moins de se focaliser sur la stylistique dans le cadre d'une recherche. 

La richesse du style, c'est aussi pouvoir en changer, sans déraper forcément vers les "Exercices de style", chers à Queneau et finalement assez ennuyeux.  En effet, sans un fond pertinent, le style n'est plus qu'une coquille vide. 

Il y a une trentaine d'années, quelques acteurs avaient participé à un spectacle créé à partir des "Exercices de style" de Raymond Queneau.  De bons acteurs connus et appréciés, parmi lesquels Danièle Lebrun.  Ce fut la soirée la plus assommante que je n'ai jamais eue.  La salle était remplie d'élèves qui avaient été contraints de façon stalinienne à y assister et finalement, le spectacle se révélait plus divertissant dans la salle que sur la scène.  La salle s'était transformée en champ de bataille de boulettes de papier et potacheries diverses. Quand le fond n'y est pas, la forme ne peut pas le pallier ou très difficilement.

Je refuse de me cantonner dans un style unique que ce soit pour mes écrits ou pour mes vêtements.  J'adapte mon style aux circonstances et non l'inverse.  C'est la politesse la plus élémentaire et faire preuve de réalisme, de cohérence et de souplesse. 

De plus, sortir des règles de stylistique classique pour se créer un style personnel aboutit souvent à un résultat désastreux, une impression de maladresse, de non-respect des règles classiques d'écriture.  Prétendre avoir un style personnel est parfois aussi une façon de justifier un style immature, insuffisamment léché.

La forme restera toujours pour moi un élément secondaire face au fond.  La pensée et l'information sont intéressantes, le reste n'est que fioriture.  L'important c'est faire passer un message intéressant.

Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA

AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon nom de famille dans vos critiques